Des horlogers toujours plus stressés
Entre 2014 et 2015, Unia a mené une enquête dans le secteur de l’industrie horlogère et microtechnique sur le stress. «La raison? Depuis plusieurs années, cette problématique figurait en tête de liste des préoccupations de nos membres, avant même la question des salaires», précise Pierluigi Fedele, membre du comité directeur d’Unia et responsable de la branche. Dans ce contexte, le syndicat a décidé d’examiner de plus près la question et interrogé les travailleurs concernés. Quelque 1000 personnes ont participé à l’étude. Si les résultats doivent encore être affinés, il ressort déjà une tendance générale: «Sans surprise, nous remarquons que le stress et les risques psychosociaux inhérents ont fortement augmenté et ce auprès de toutes les catégories de salariés, qualifiés ou non, et à tous les niveaux de la hiérarchie».
Flux tendu et objectifs
Différents facteurs expliquent cette situation, dont les modes de management et de production. «On travaille de plus en plus en flux tendu. Les entreprises sont orientées sur une logique client, soumises au diktat de ceux qui passent commandes, qui les modifient éventuellement en cours de route, qui fixent parfois des délais difficiles à tenir... Les managements par objectifs individuels sont aussi source de stress dans le personnel, qui est ainsi mis sous pression.» Pierluigi Fedele relève encore des problèmes rencontrés dans des «hiérarchies de proximité et un manque de rapport de confiance». «Des tensions surgissent parfois entre des petits chefs, sans formation en matière de gestion des relations humaines, et leurs subordonnés.» Le manque d’autonomie de certains travailleurs, en particulier dans la production, contribue à augmenter le stress. Un mal qui frappe encore davantage les femmes, assumant le plus souvent toujours, de surcroît, les tâches ménagères. «On assiste toujours aux mêmes difficultés de conciliation entre vie familiale et professionnelle, source de tensions.»
Problématique générale
Si les premières conclusions de l’enquête sont tirées, Unia va maintenant procéder à une analyse plus fine des données récoltées. Puis, avec les partenaires de la convention collective de travail de la branche, définir un plan d’action. «Les entreprises ont, dans tous les cas, le devoir de protéger la santé de leurs salariés», rappelle le syndicaliste.
L’augmentation du stress et des risques psychosociaux ne touchent pas seulement le secteur de l’horlogerie. Selon la dernière étude menée par le Secrétariat à l’économie en 2012, la problématique aurait augmenté de 30% dans tous les domaines. «On sait aussi qu’environ 20 % des salariés présentent des symptômes de nature psychique (stress, burn-out) tout en continuant à venir au travail. Un chiffre qui montre l’étendue du problème. Ce présentéisme, qui se traduit par une baisse de la qualité du travail, se solde par des pertes de productivité se chiffrant en milliards de francs.» Le problème principal restant la santé des travailleurs et la meilleure prise en charge de ces nouveaux risques par les entreprises.